dimecres, 22 de juliol del 2009

Greg Lemond sobre els seus records del Tour (no quedem massa bé-- que diguem)




Je me souviens du jour où j'angoissais qu'un spectateur français tente de m'agresser. C'était lors du Tour 1986. J'étais en train de dominer le héros national, Bernard Hinault. Je me disais que s'il y avait bien un endroit où je risquais d'être la cible d'un déséquilibré, ce serait dans l'ascension de l'Alpe d'Huez. Avec Bernard Hinault, on a grimpé le col côte à côte, du pied au sommet, en fendant une foule de dizaines de milliers de Français. Je me sentais dans une position d'une extrême vulnérabilité. Sur bien des courses, et c'est l'une des particularités du cyclisme, le coureur évolue si près des spectateurs qu'il est frôlé en permanence, voire même touché par le public lorsque la route s'élève. Dans cette ascension, il aurait été très facile pour un chaud partisan de Bernard Hinault de me déséquilibrer ou même de me faire chuter. Un tel incident peut d'ailleurs être involontairement provoqué tant l'excitation est à son comble dans le public après des heures d'attente.
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Ce jour-là, j'ai particulièrement apprécié le comportement du public. Personne n'a tenté de me pousser. Personne ne m'a insulté ou craché dessus. Dans les mêmes conditions, j'aurais probablement été malmené par des fans sur un Tour d'Espagne ou d'Italie, comme ce fut le cas pour Bernard Hinault sur la Vuelta en 1983. Là, même les plus bouillants supporters acceptaient l'idée qu'on se départage à la régulière. Et c'est ce qui devrait se passer partout ailleurs.

Accompagné de mon masseur et ami Otto Jacome, il m'est souvent arrivé de venir m'entraîner sur les petites routes de Provence qui se perdent autour du mont Ventoux. J'y ai croisé pas mal de gens dont je me souviens encore. Un jour qu'Otto me suivait sur sa Vespa, on s'est arrêté boire un verre. Un vieux monsieur est sorti du troquet et, très vite, après quelques mots échangés, nous a offerts du saucisson, un bocal d'olives, des fromages et même des bouteilles de vin. La Vespa était chargée jusqu'à la gueule et j'avais même dû remplir les poches de mon maillot ! Je n'avais jamais rencontré cet homme et je crois que, plus qu'une certaine affection qu'il devait me porter, il remettait ainsi ses offrandes au Tour. C'était sa manière de remercier pour ce que le Tour lui apportait. Et c'est à moi qu'il le transmettait. Ce sont des gestes qui ne s'oublient pas. C'est aussi ça le Tour.

Quand je fouille dans ma mémoire et revois mes quatorze années de cycliste professionnel, c'est ce qui me revient d'entrée du Tour de France : la beauté des paysages et la gentillesse des gens. Avec le recul, j'ai été comblé de passer mes cinq dernières saisons au sein d'un même groupe français, l'équipe Z, puis Gan. Roger Zannier, le patron de Z, ainsi que sa famille ont eux aussi influencé ma vision du peuple français. Leur affection et leur cordialité se répercutaient sur l'esprit de l'équipe ainsi que sur son personnel d'encadrement. Mon troisième et dernier succès sur le Tour, en 1990, fut le plus fort émotionnellement. J'avais été profondément heureux de l'emporter pour moi-même mais aussi pour tous ceux que nous étions. On formait une équipe, une famille aussi.

Renault-Elf-Gitane, La Vie claire, Toshiba, Z, Gan... Onze de mes quatorze années de coureur pro l'ont été au sein d'équipes françaises. Et que ce soit avec Cyrille Guimard, Roger Legeay, Roger Zannier, ou tous mes équipiers et membres du personnel qui ont jalonné ma carrière, je ne me suis jamais senti comme un étranger. Mes équipiers étaient de vrais ambassadeurs du sport. Le Tour de France est plus grand que tous ceux qui le composent. Et j'ai été fier d'avoir joué un petit rôle dans cette fresque légendaire.

Greg LeMond est le premier coureur américain à avoir remporté le Tour de France. Il s'est imposé en 1986, 1989 et 1990.