André Cédilot |
Solidement implantés en République dominicaine, les Hells Angels québécois font parfois de petits sauts dans le pays voisin, Haïti. Portant leurs dossards et montant de puissantes motos, une dizaine d'entre eux, accompagnés de sympathisants, ont franchi la frontière le 14 novembre, dans le coin de Fort Liberté, à peu de distance de l'océan Atlantique, au nord-est d'Haïti.
Simple excursion touristique, visite «d'affaires» ou tournée de reconnaissance comme les Hells Angels font depuis des années au Québec afin de marquer leur présence dans un bar ou un territoire. C'est peut-être, estiment les policiers dans un langage imagé, une façon de planter leur drapeau à Haïti. Ce spectaculaire défilé des motards québécois en sol haïtien n'est pas passé inaperçu.
Sans être surprenant aux yeux des enquêteurs, cela reste d'intérêt en raison des alliances possibles avec des membres de gangs de rue montréalais retournés en Haïti après leur expulsion du Canada. Cette balade à l'extérieur de la République dominicaine illustre l'emprise grandissante des Hells Angels dans cette partie des Antilles.
À l'instar de la pègre montréalaise, il y a belle lurette que les Hells Angels québécois ont un pied-à-terre en République dominicaine, où ils possèdent plusieurs maisons et commerces à Cabarete, Sosua et Puerto Plata. En début d'année, ils ont renforcé leurs assises en assimilant un petit club local appelé Los Barracos pour en faire le premier chapitre ouvert à l'étranger. Les porte-couleurs du Dominican Hells Angels Chapter sont encore en probation.
Deux des artisans de la fusion des Barracos, Aurèle Brouillette, 57 ans, du chapitre de Trois-Rivières, et Stéphane Maheux, 37 ans, du chapitre South, étaient du cortège qui s'est rendu à Haïti à la mi-novembre. Parmi les autres membres en règle des Hells Angels, il y avait Marc Readman, 52 ans, du chapitre South, et Michel Grenier, 43 ans, du chapitre de Sherbrooke. Des sympathisants semblaient servir de gardes du corps. En tout, ils étaient une vingtaine en motos.
En décembre 2005, lorsque les Hells Angels courtisaient ardemment Los Barracos - cet été-là, ils les avaient même emmenés avec eux au World Run, à Prague, en République tchèque -, Grenier et des personnes de son entourage avaient été interpellés en possession d'importantes sommes d'argent, lors de leur embarquement à l'aéroport Montréal-Trudeau.
Les opérations anti-motards menées depuis quelques années au Québec démontrent que les Hells Angels s'intéressent surtout à la République dominicaine en raison de sa proximité avec Haïti, où le chaos social et politique fait de ce pays un lieu de prédilection pour le transit de la cocaïne en provenance de la Colombie. La mafia montréalaise brasse également des affaires, licites et illicites en République dominicaine, à Boca Chica plus exactement.
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